Guy Durosier
Un Phénomène Musical
1931-1999
Né á la Rue du Montalais, Port-Au-Prince, Haiti; Guy est le fils de Francine Pétrus et de André Durosier. Il ne m’a jamais parlé de son père, mais, il venerait beaucoup sa mère. Elle fut la base de tout ce qu’il ait pu réaliser me disa t-il dans une entrevue. Il ne savait quel language utiliser quand il exprimait l’affection qu’il éprouve pour celle qui lui avait inculqué les premières notions de piano. Mais, il avait du mal à s’entendre avec son frère ainé, Auguste. Ce dernier, dit-il avait une dent contre lui parcequ’il excéllait en tout et partout. D’ailleurs, ‘Pitit Yon Zanimo’ qu’il ait gravé avec Raymond Sicot, nous conte un peu l’histoire de ces deux frères. Cependant, il fut choyé, gaté par Nicole et Gisele; ses deux soeurs.
Pendant qu’il tracait sa voix vers un avenir dans la musique, il fut decouvert par le Frère Marie Léon de l’institution Saint Louis De gonzague qui l’enrolla dans la fanfare de l’école à l’age de 11 ans . Il apprit très vite la dynamique de la clarinette et du saxophone et commencait á cueillir des lauriers. Nono Lami et Raoul Guillaume, tous deux, anciens musiciens de la fanfare de Saint Louis De Gonzague retracaient l’un de ses moments délicieux dans une entrevue qu’ils avaient accordé á la television nationale d’Haiti.
A 12 ans, il composa sa première chanson titrée; Ma Brune, un texte de Guy et de Raoul Guillaume. Il me l’affirma lui même en présence d’Edner Guignard quelques minutes avant de le présenter á une audience célèbre au New Jersey Performance Arts Center De Newark, en Novembre 1998. Cette chanson, il l’a vendue à la Sonora Matencera ( Morena)
Ėcoute mon Coeur qui te parle
Et ma voix qui t’implore
La voix d’un esclave amoureux
A tes pieds prosterné
Les plaintes d’un Coeur qui soupire
Et ne bat que pour toi
Ce coeur que tu rends malheureux
Et qui souffre pour toi
A 15 ans , son génie se revela tout a coup dans Les Gais Trouvères, groupe dirrigé par Alphonse Simon (Chico) qu’il rencontrera a nouveau sur scène à Montréal aux cotés de Fritz Pereira pendant le années soixantes. A 16 ans , il faisait deja parti du grand orchestre de Issah Saieh. Ce dernier fît son éloge à plusieurs reprises et déclara que Guy a eu des dons exceptionels.
Il avait 20 ans, qand il joignit l’orchestre du Riviera Hotel sur la direction de Michel Desgrottes. Comme Michel, Guy remplissait plusieurs roles, il fut chanteur, arrangeur,imprésario, maestro, saxophoniste et pianiste d’occasions de l’Orchestre du Riviera Hotel. A 27 ans, il s’est rendu d’abord á Paris et rencontra Edith Piaff, Gilbert Becaud et tant d’autres vedettes françaises de l’époque. Mais, Piaff et Becaud l’avaient beaucoup impressionés. Après qu’il ait vécu pendant quelques mois dans la ville lumière, il visita le reste du monde. Ce voyage à travers le monde, il nous a fait le récit dans ‘ Haiti c’est Toi Que je Prefere (LP AKA 1002 ). Au Brésil, il étudia tous les rithmes et les échelles tonales de musique pour mieux arranger les suites de sons.
Guy vécut au Canada pendant quelques années . Pendant son séjour, il imprima au moins deux disques Caprices d’Haiti et Courrier d’Haiti. Ces deux LP ont été publie sur disques audionumériques en 1998 par Mini Records (MRSD 2032& MSRD 2033).En 1967, drapé de son bicolore bleu et rouge, il plût au plus grand nombre au Carnegie Hall et a fait le New York Times le lendemain.
En 1970, Pélé. Muhamed Ali et Guy Durosier furent invité en Haiti. Cette invitation émanait du Dr Roger Lafontant qui a cette époque fut l’un des hommes forts, puissants du régime de Duvalier. Par contre, il décida de visiter Haiti et présenta un concert extraordinaire au Ciné Capitol et un concert privé au palais national. En Avril 1971, nous avions assisté á la demise de Duvalier, son fils Jean Claude devint président et aux obsèques de Francois Duvalier, Guy dans une adaptation du neuvième symphonie de Beethoven fit l’éloge de François “ Comme tu es beau, le grand Francois”. Après la mort de François Duvalier, Guy resta en Haiti. Il fonda le Grand Orchestre d’Haiti et performa a Cabane Choucoune avec Raymond Sicot, André Toussaint Ansy Desrose et C. Cuevas. Par la suite, il devint l’un des meilleurs amis du nouveau président si bien que la direction musicale de Bossa Combo lui ait été confié.
En 1973, á la hate, il laissa Haiti et s’établit á Nassau Bahamas. Cependant, de temps en temps, il recevait des contrats pour performer á New York et dans d’autres villes des amériques. Mais, l’acceuil n’a pas été toujours chaleureux. Le maestro fut l’object d’une manifestation populaire anti Durosier, tandis qu’il allait performer au Brooklyn College. Une grande partie de la communauté haitienne de New York était fachée contre lui, malgré qu’il ait expliqué comment qu’il s’était pris au piège en Avril 1971 lors des funérailles de François Duvalier.’Je n’avais pas le choix, j étais obligé de chanter disait-il et il faut essayer de comprendre aussi que ‘la force primait le droit’. Ce fut pour lui une expérience percutante, le promoteur de ce festival fût aux frontières de la faillite et Guy s’en rendait compte. Alors il offrît au promoteur de payer lui même son ticket de retour.
Pendant ses visites á New York, il enregistra deux albums pour Gaydem, Records L’Apothéose et Deux fois Vingt ans. Pour Rice Jeudy, il imprima en Colombie avec Arsène Apollon et sa fille Jenny 10 Ans après. De concert avec Rice Jeudy, ce LP fut gravé sur CD en 1999 par Geronimo Records (GR00172).
Après la chute de Duvalier, certains de nos compatriotes ont céssé de l’abjurer. Pourtant, ils n’ont pas oublié les coups d’enscensoir qu’il a eu á donner á François Duvalier, mais ils l’ont pardonné. Il cessa donc de vivoter quand il reçut la clémence de ce peuple d’Haiti qu’il aime tant. Depuis, il fît salle comble au Café Des Arts, au Lincoln Center, á Washington, au Brooklyn College ,au Sand Castle de Franklin Square et au New Jersey performing Arts Center où il exaltait l’audience en jouant sa nouvelle version des pianos nostalgiques.
En Novembre 1996, le maestro Durosier me fit part de ses projets a travers la lettre suivante. (Guy á Adrien 1)
En 1997, Guy lanca sur le marche Reminiscenses Haitiennes. Ce dernier disque audio-numérique est plein de couleurs et de souplesse. Il peut être considerer comme l’un de ses meilleurs ouvrages, s’il n’y est pas le meilleur. Il a interprété dans ce CD la culture de son temps avec un brin de modernisme, reflétant dans son art le style de vie de sa génération. En Janvier 1997, du maestro Durosier, j’ai reçu la missive suivante. (Guy á Adrien 2)
Sur la terre qu’il aime bien, il présentait des spectacles á la television, des concerts á Taraz et accordait des entrevues á tous ceux qui voulaient comprendre l’artiste et l’homme. Mais, son costume d’homme timide, il ne l’a jamais abandonné. Certaines de ses entrevues en sont les preuves. De tres souvent, il évoquait avec un étonement mélé de gratitude son ascension vertigineuse. Issah Saieh, Joe Trouillot, Raoul et Roland Guillaume, Michel Desgrottes, les frères Guignard, Bud Johnson, Perez Prado, Bebo Valdes Rodolphe Legros et les freres Dor furent souvent l’objet de nos conversations. Il passait en revue les mignardises de sa jeunesse et ses exploits avec le maestro Ulrick Pierre Louis au club Patricia á Port-au-Prince. Un soir, sa mère, pour l’empêcher d’aller jouer de la musique, cachait ses souliers. Alors, il eut l’audace de sortir par une fenêtre et alla louer une paire de chaussures chez un plombier qui habitait tout près pour qu’il aille se divertir. Il prenait aussi plaisir a opiner sur la musique savante dont Gerald Merceron avait fait mention dans un de ses ècrits. En d’autres termes , la bitonale; les douze demi- tons existant entre deux toniques.
En 1998, j’avais obtenu trois disques compact de Guy Wallon, l’un des responsables de Mini Records, que j’avais expédiés au maestro Durosier á Kirkland Washington. Dans le paquet, cette petite lettre y était inclue. (Adrien á Guy)
De 1959 á 1998, Guy n’a jamais changé de nationalité. Ce petit pays, il parrait qu’il l’aimait vraiment. Il voulut que ses dépouilles soient retournées au bercail.
Petit pays
Je t’aime, je t’aime
Petit pays
Je t’aime toujours
( Réminiscences Haitiennes, Vol.1,1997)
En Mai 1999, le maestro Guy Durosier fût hospitalisé pendant un temps assez court. Il s’est rendu chez lui après qu’il ait reçu des soins médicaux nécéssaires. Cependant, il passa de vie á trepas le 19 Aout 1999 dans sa maison privée á Bothell près de Seattle, Washington. Ses funérailles furent chantées á Bothell le 25 aout 1999 et ses restes furent transportés en Haiti comme il l’avait voulu. Le maestro laissa dans la douleur Madeleine Marcel, sa première épouse, Mary Anne sa segonde épouse, ses filles Danielle et Jane Anne, ses fils, Guy et Robert, ses deux soeurs, Nicole et Gisèle et famille et tout un monde de fans. Pour honorer sa mémoire et célébrer sa vie, Mapou Production, sous l’égide de Jean Robert Jean Pierre réunit plus deux mille personnes au Brooklyn College. Ils étaient nombreux, les artistes qui avaient voulu payer leur respect au maestro Durosier. Joe Trouillot, Edner Guignard, Dr Charles Dessalinnes, André Dorismond, Gary French, Myriam Philidor Dorismé, Voix Et Tambours D’Haiti, Michel Préssoir, Jean Claude Eugene, Dr Philippe Guillaume, Marc Mathelier, Frank Ricardo, Roger M.Eugène, Jean Elie Thelfort. Sur la direction du Maestro Jean Jean Pierre, ce soir lá, les artistes avaient épousé toutes les frontières musicales. L’orchestre exécutait des morceaux classiques où mélodies éffrénées, toutes des mélodies qui ont marqué nous, les haitiens de l’adolesence jusqu’á l’âge adulte. A sa façon, Guy junior, a célebré son père, et fît ressortir certains traits discrets du feu maestro. Adieu maestro, tu resteras toujours l’une des personalités les plus marquantes de la musique haitienne.
Adrien B. Berthaud