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 Myriam Philidor Dorismé
 1943- 18Mai 2004

Splendide comme une sculpture, royale comme une prétresse, le regard pénétrant de vivacité et de tendresse. Voilá comment  Pierre Clitandre décrit Myriam Dorismé, il ya de cela belle lurette.

J’ai rencontré Myriam en 1963. Elle fréquentait encore l’école Notre Dame Du Perpetuel de Secours du Bel Air que dirrigeait les religieuses (Filles de Marie).  Elle faisait déja parti du Gombo Club de Carrefour, groupe culturel dirrigé par Antoine Chéry, maestro de la chorale et Flaubert Chéry, président. Elle interprétait avec maitrise les chansons de Myriam Makeba Pata Pata, Souliam, Malaika. Dominique, Fleur de cactus de Soeur Sourire, Pardonnez moi Seigneur de Robert Cogoi, Complaintes Paysannes de Raoul Guillaume et plusieurs autres chansons du terroir. Chaque après- midi, elle déambulait la rue que j’habitais á Arcachon vêtue de son uniforme de couleur grise pale et son sac d’écolière avec le sourire aux lèvres; elle parait èpanouie. Parfois, elle pinçait les cordes de ma vieille guitarre et fredonne ‘Comme   l’eau qui dort’. Elle aimait profondément la musique, la danse et le théatre. A cette époque, elle résidait en famille avec son beau frère et sa soeur ainèe, Madamme Manno près  de la maison de Antènor Bobo á Cote- Plage.  

 Membre de la chorale de la Cathédrale de Port-au-Prince sous la direction de Père Gotro á l’âge de 15 ans, déja elle projetait une voix  puissante, touchante de tendresse dont le lyrisme dégageait un parfum mystique, quelque chose de divin.  Au fil du temps, elle fit aussi des expériences avec Gary Jean Jacques du groupe ‘Les Mordus’, la troupe Lavinia Williams et le fameux danseur, Guy Jean Louis. Elle a fait le Rex Théatre avec Gombo Club et Ti Moléon Brutus en 1966. Elle montra ses talents de comedienne en incarnant avec brio le role d’une mere dans la ‘Croix d’Helene’, une piece de Flaubert Chery, jouee a l’Institut Francais d’Haiti la meme annee. Elle participa a de nombreuses  festivités á radio Haiti, au Rond Point Night Club et á l’hotel Ibo Lele. Rentrée á New York en 1969, Myriam rejoint son ancien maestro, Antoine Chéry et embarqua avec lui dans  le groupe culturel’ Fleurs d’Haiti.’ Quand j’ai atteri á New York en novembre 1970, j’ai rencontré de nouveau Myriam chez Antoine Chéry au 404 de la troisième rue á Brooklyn avec Wills et Ernst Paul, Gérard Michel, Edner Xavier, Jean Claude Filien, Wilner Kébreau et Emile Pierre.

Pendant les années 70, elle lança son premier 45 tours titré ‘Touki’qu’elle dédia á son mari Arthur Dorismé. Bon nombre d’entre nous ont probablement oublié son premier coup d’éssai. Vers la fin de 1983, elle érigea une chorale á l’église Saint Innocent de Brooklyn. Par la suite, de concert avec sa bonne amie, Gladys Timère, elle fonda un groupe religieux denommé ‘Partisans Jesus Christ’.  Pour une période de courte durée, elle chante avec Voix et Tambours D’Haiti de Antoine Chéry et enseignait la danse puis les tambours á toute une pléthore de jeunes de notre communauté. Au début de 1984, elle fonda  Myriam Philidor Dorismé  Cultural Art Foundation (MPCDCAF)  pour aider les artistes haitiens en quête de visibilite. Le 18 mars 1984, Myriam présenta un spectacle virtuose au Brooklyn Academy of Music (BAM) oú les danses, chants de notre folklore sont á l’honneur.  Je fus émerveillé par la beauté du spectacle; elle a fait salle comble. Après ce spectacle empoignant, réussi, Myriam s’exhiba au Lincoln Center á New York, á  Brooklyn College, á la Place des Arts de Mont Real, Canada, au Civic Center á Philadelphie et á Boston. Ayant analyzé les phénomènes de responsabilités sociales et politiques, les conjunctures que traversent son pays la forcèrent d’ètendre son répertoire en embrassant des thêmes qui traduisent les rẻalitẻs de son île et les aspirations de son peuple. Elle s’est servi de son status de vedette pour dénoncer les crimes, abus et toutes formes de répression  que subissent son peuple. Sa prẻsence fut notẻe dans toutes les manifestations politiques et elle faisait la différence en chantant des airs patriotiques.   

Grậce au parrainage de Duchvil Production, elle grava son premier 33 tours ‘Met Men O u Nan Men-m’’ en 1987 (DVM100). Ce vinyl contient huit chansons dont cinq d’entre  elles sont des compositions de Myriam, deux autres qu’elle a ẻcrites avec la collaboration de Mario Caze et une adaptation de Edeline Déjean. Sous la plume de Emile A. Pierre, on a pu remarquer au verso de ce disque une analyse succinte de l’oeuvre de Myriam. Partageons un extrait de ce que Emile A. Pierre écrivit en la circonstance‘ Kòman nou ye’ ouvrit le combite d’amour et de fraternité lá ou chaque artiste est une ‘Zetwal’. Le chant de ‘l’Unite’ se fait plus vif et débouche sur l’universalité des peuples de la Caraibe, avec ‘Se Pase Nap Pase’  ou bien Met men ou nan men-m qui sous un flot d’émotions culminera au ‘Bonjou Ayiti’ digne de la terre natale. Après le coup d’état de 1991, Myriam passa une bonne partie de son temps á prôner le retour de Jean Bertrand Aristide avec ses amis de la diaspora. Elle chante Haiti, papa Dessalines, Sole et Aristide, son président en exil sur un disque audio numérique (Magnificat CD224) ou elle  consacra deux chansons á Lavalas et son leader préféré; Jean- Bertrand Aristide.

Myriam, accompagnée par la chorale de l’église Saint Innocent et quelques amis musiciens, en 1998, lança son dernier disque compact de 17 compositions. Selon quelques camarades, ce disque est une pure merveille. Une attention particulière est accordée á ‘Kite Bondiye fè sal-vle

Myriam Philidor Dorismé fut une grande damme, une soeur dévouée qui aimait la vie, ses semblables, son pays que ce dernier soit couvert de poussière, de fatras oú de toiles d’arraignée. Elle avait trios enfants, une fille et deux garçons Chez elle nous retrouvons un métissage culturel, une sorte de doctrine oú se mélange des éléments de plusieurs croyances. Femme de théatre, danseuse, millitante, percussioniste, chanteuse, parolière Myriam a beaucoup combattu avec la vie. Son exposition aux voiles, aux crucifix , aux rythmes Grégoriens lui permirent de chanter ‘Magnificat’ sans  laisser de coté son folklore, son Ayibobo. Quand une forte douleur l’accablait, elle laissa son domicile situé á St Albans, New York pour y habiter avec sa fille en Floride. Peu de temps après, de Maryse Coulanges Saint Preux, j’ai eu de ses nouvelles; une douleur lancinante la torturait. Alors, j’ai décidé de la téléphoner pour avoir une idée de son ètat de santé. Ce jour- lá, nous avions parlé pendant plus d’une demi heure. Quoiqu’elle souffrait un peu on a eu une agréable conversation où elle fit l’éloge de ma mère qui rendit l’âme en Juin 2003. Elle aimait son créateur de toute ses forces; elle avait l’âme d’une chrétienne authentique. En la quittant, je lui ai dit’ Myriam ma soeur “Kite Bondiye fe sal vle” comme tu as bien précisé dan une de tes  dernieres chansons. Cependant le 18 mai qui suit, le maestro Antoine Chéry m’annonca la nouvelle de sa mort  Adieu Myriam!

Consultants:
Flaubert Chéry
Antoine Chéry
Gabrielle Isidor Chéry