Justin Elie
Septembre 1883-Decembre 1931
Agé d’une année et quatre mois de moins que son homologue Ludovic Lamothe, Justin Elie , pianiste,classique, compositeur haitien est né au Cap Haitien le premier Septembre 1883. Son labeur opiniâtre en conjunction avec ses qualités innées lui permirent de devenir un pianiste d’une grande imagination et un compositeur averé. Tres jeune, il manifesta un désir ardent pour la musique et ses parents ne lui barraient pas la route que le destin lui avait tracée.
Justin Elie débuta ses études du piano avec Ermine Faubert de 1889 a 1894. Puis, on l’enrolla à Saint Louis De Gonzague ou il passa près d’une année. En 1895, il partît pour Paris et fût admis au cours de musique Masset en vue de se préparer pour sa rentrée au conservatoire nationale de musique de la ville lumière. Des son arrivé au conservatoire, il reçut des instructions des grands maîtres de l’époque. Citons, Charles Wilfred Beriot et Antoine Francois Marmontel pour le piano, Emile Pessard et Paul Vital pour la composition et l’orchestration. Il resta a Paris pendant près de quatre ans et au bercail, il y retourna en 1905.
A sa ville natale, Cap haitien, il accorda la chance de le voir évoluer sur scène en primeur au club L’union et le 29 Avril 1905, ce fut le tour de Port-au-Prince et ses faubourgs d’embrasser le jeune pianiste avec zèle et enthousiasme dans un concert à la salle Marchand de l’Azile Francais en compagnie de Occide Jeanty de la musique du palais national, Madamme Faubert et Louise Martin, le violoncélliste, Edouard Laroche et le violoniste, Ferdinand Fatton. Après le récital de Port-au-Prince, il reçut l’invitation de toutes les villes de provinces. Il s’est fait ovationner aux Gonaives, à Port de Paix, à Saint Marc et Jérémie pour ne mentioner que ses villes d’Haiti. En 1908, il a brillé dans la capitale voisine, Saint Domingue, au Vénezuela et à la Jamaique ou il reçut un vibrant acceuil. A Cuba, dans tous ses récitals, il fut ovationé par l’assistance. Voila un extrait du Journal ‘ La Lucha De la Havanne, un numéro de Mars 1908 dans une chronique titrée” < Mi lanterna magica> ‘Linterprétation admirable de notre hôte à la Havanne permet de croire que les phrases élogieuses dans la presse parisienne en l’honneur de Justin Élie par Gabriel Faure, l’incomparable critique du Figaro, Andre Wormaser, compositeur et critique, Théodore Dubois, ancien directeur du conservatoire et le brillant auteur de Samson et Dalila (Camille Saint-Saens si avare d’éloges habituellement>. De telles références se passent de commentaires!
De 1905 a 1920, il consacra une bonne partie de son temps à explorer la musique paysanne, les airs et rythmes traditionelles. Il s’évertua aussi à examiner ce qui restait de la musique indienne en Haiti. Il écrivit plusieurs pièces dans lesquelles sont imprégnées de motifs indiens; inspirations qui ont beaucoup plu les indiens américains parcequ’ils s’observèrent au beau milieu de la musique haitienne. Il composa Cléopatre, poème synphonique en 1917 et La Bacchanale qui fût considérée par Seymour Pradel comme étant le jaillissement de l’âme dans le Matin du 8 Juin 1920. Bon nombre d’entre vous, se rappellent peut être là où se trouvait le Cercle Port-au-Princien. C’est dans cette édifice que La Bacchanale fût interpretée pour la première fois, le 15 Février 1919.
Contrairement à Lamothe qui n’a eu qu’une audience locale, Justin Élie developpa sa carièrre aux Etats Unis. D’après ce que rapporte l’histoire, il laissa Haiti le 12 Septembre 1922 pour s’établir á New York et en 1923, sa femme, Emilie Price, vint le trouver pour performer ensemble. Certains disent qu’il fut obligé de s’expatrier á cause des exigences de son art. En 1922, il franchit les portes du Carnégie Hall à New York et cueillit toute une multitude de lauriers. Voilà ce qu’a écrit la presse Newyorkaise ‘ Justin Élie a donne un récital au Carnégie Hall ( Monsieur Élie a joué avec autorité tout en conservant son charme naturel très personnel’ ( New York Herald) et au Musical Advance d’ajoutter ‘ Un des plus brillants pianistes que nous ayons enendu ici depuis des années s’est fait entendre pour la première fois au Carnégie Hall le 12 Décembre en cours’. Après le Carnégie Hall, il fut invité par l’Organistion Des Etats Américains pour animer des concerts destinés à promouvoir la culture des Amériques. En 1928, la maison d’éditions Carl Fisher, pubila (Haitian Legend) Légende Créole pour piano et violon, Prayer á Eventide ( Prière du soir) Invocation numero 2 pour chambre, Chants de la Montagne (piano) Babylone, suite symphonique en quatre parties, Une Nuit dans les Andes, Nocturne , Nostalgie, Chants de la Montagne numero 2 etc. Fantaisie Tropicale, l’une des dernières compositions de Justin Elie qui n’a pas ete publié a cause de sa mort soudaine.
En 1928, Price Mars souligna dans ’ Ainsi Parla l’Oncle’ l’importane de la musique rituelle dans le vodou. Il écrivit ceci’ Il nous semble qu’il y aurait lieu d’étudier ces thêmes et d’en tirer des poèmes , des pieces dramatiques d’une veine originale’. Cependant la matière est en gestation. Beaucoup d’ouvriers sont à la tache. Un Justin Elie, dont le talent murri par tant d’essais heureux nous engage à attendre un ouvrage de grand style’. En effet L’hymne à Damballah et Le Temple du Dieu Soleil apportèrent un nouveau souffle à la musique vodouesque.
Marcel Salnave fit l’éloge du pianiste en écrivant l’assertion suivante dans Haiti Journal en Septembre 1945’ Parmis nos airs de méringue, il y en a que Justin Élie, cet esthète, qui travaillait sur nos rythmes comme un bon orfèvre ciselerait son or, harmonise avec un rare bonheur, trouvant une forme originale pour présenter notre quintolet. C’est que notre méringue, nos airs populaires, nos chants vodouesques, losqu’ils sont hamonisés par un Lassègue, un Justin Élie, j’en passe, ne sont plus de la musique folklorique ou ‘tout voum se do’ . Ils deviennent de la musique tout court ou un art élevé dont la technique nécéssite un cycle d’études laborieuses’.
Je crois fermement que le nom de Lamothe aurait du être inclu aux cotés de Lassègue et de Justin Elie. Sans doute, l’illustre écrivain avait vite oublié que Nibo de Lamothe fût en 1934 le composé chimique que la nation toute entière attendait pour mieux bondir. Nibo continue de raffermir notre âme car en 2007, au jardin de la TNH en Haiti, Michel Pressoir et L’orchestre de Frantz Courtois ont fait ressortir l’importance que Lamothe octoyait aux rythmes et thêmes de la culture nationale.
En Mai 1931, Justin Élie signa un contract avec la NBC “National Broadcasting Company pour écrire, arranger des pièces musicales pour un spectacle hedomadaire et conduire l’orchestre pendant la diffusion du spectacle à travers les ondes radiophoniques de la WEAF de New York. Elie a aussi arrangé des oeuvres de plusieurs autres compositeurs commeTchaikovskys et Ludovic Lamothe. Le studio Paramount lui avait demandé d’arranger la cinquième symphonie de Tchaikovsky et il fournit aussi de la musique pour des films. De plus, le conducteur, Ray Hart s’est servi d’une pièce musicale de Justin Élie comme ouverture dans le film The Phantom Of The Opera en 1925.
Justin Élie rendît l’âme le 3 Decembre 1931. Ses restes furent transportés en Haiti ou l’inhumation eut lieu en présence de nombreux amis et frères musiciens comme Oxide Jeanty fils et autres. Ce jour lá, Occide Jeanty fils exécutait une de ses marches funèbres’ Sur la Tombe” que Justin Élie aimait écouter ave ferveur. En 1983, l’Orchestre de Sainte Trinité a honoré l’illustre pianiste pendant la semaine du 14 Décembre. Pendant sa vie de pianiste, d’arrangeur et de compositeur, Élie s‘est rendu compte que l’héritage culturelle haitienne est une source d’inspirations inépuisables. Hymne à Damballah, Le Temple du Dieu Soleil, La Mort de l’Indien, Quiskeya en sont les preuves. Avec Justin Élie la musique vodouesque a un peu èvolué. Il se différencie surtout des autres pianistes de son temps qui reflettent dans leurs compositions notre passé tragique, par son enthousiasme et l’entrain avec lequel il exécute ses partitions. En 1999, Jean E Saint Eloi avec sa guitarre Midi a imprimé sur un CD portant le titre de Haitian Masters Volume I , Danse de l’Homme des Grottes et Chant de la Montagne. Sur la direction de Julio Racine, les musiciens de l’Orchestre Sainte Trinité ont eux aussi executé Danse de l’Homme des Grottes, cette magnifique composition de l’illustre pianiste Justin Élie.
Références:
Histoire de la musique en Haiti : Dr Constantin Eugène Moise Dumervé 1968.
Jean Sonel Soulouque, Nouvelliste du Mercredi 17 et Jeudi 18 Juin 1992
Jean Vilaire , Nouvelliste du Samedi 4 Février et Dimanche 5 fevrier 1984
Patrick Dalencourt, Nouveliste numéro 32095, Samedi 17 et Dimanche 18 Décembre 1983